Un Prof en Chine
Culture,  Divers

Un Prof en Chine

Prof en Chine, ce livre est une expérience. Une expérience à la fois pour le lecteur, mais surtout pour l’auteur qui met sur papier une aventure de plus de quatre mois dans un monde pour ainsi dire inconnu, la Chine et la vie des Chinois.

  • Bien des adjectifs serviraient à qualifier le bouquin à propos de ce qui est mis en relief tout au long du récit, mais pour ma part je retiendrai celui d’instructif, au sens le plus large et de manière générale.
  • D’un point de vue plus personnel je dirai réminiscent, de par la description d’expérience que j’ai pu vivre, mais oublié lors de mes premières fois sur le sol chinois en 2007.

    Vous pouvez également l’écouter en format podcast ici Prof En Chine

N’hésitez pas à découvrir d’autres livres qui parlent de la Chine comme :
Pourquoi l’Europe, reflexion d’un sinologue
Chine trois fois muette

Prof en chine est un livre écrit à son retour en 2015, c’est un récit fait la plupart du temps à la première personne. Une fois le décor planté il se déroule de manière chronologique sous la forme d’un carnet de voyage ou l’on suit étape par étape l’évolution d’un homme en mission. Une expérience dévoilée sous le regard et l’étonnement d’un œil en coin de rue.
Il y a les ressentis presque juvéniles que peut avoir toute personne qui découvre pour la première fois la vraie Chine. Il arrive en Chine durant l’été 2014 et son cœur va battre au rythme de ce dragon fascinant pendant plusieurs mois.
Jean-Marc Bernard nous explique pourquoi à 65 ans il se retrouve par hasard, mais il n’y a pas de hasard juste de l’envie dissimulé, à enseigner l’art et les lettres à un groupe d’étudiants chinois en prépa pour de futures études sur le sol français. Il devient alors un prof en Chine pour ces étudiants, jeunes diplômés en art, doivent maitriser en quelques mois les bases qui leur seront nécessaires pour poursuivre leur étude en France. Ces bases c’est lui qui Un va devoir les leur enseigner.

On est en immersion totale pendant 250 pages, à la fois dans la tête et puis les yeux du narrateur on vit son histoire comme son ressenti.

Un prof en Chine, mission culture

Son fils qui fait sa vie en Chine depuis 2007 était l’occasion qui l’avait déjà contraint à prendre l’avion pour une visite de quelques jours par-ci par-là. Je dis contraint, car Jean Marc n’est pas un grand voyageur, n’ayant pris l’avion pour la première fois seulement que 5 ans auparavant, lui qui a une peur panique de l’avion. C’est donc en 2014, par l’intermédiaire de sa belle-fille chinoise qui lui trouve cette opportunité, qu’il se retrouve chez eux, son fils, elle et son petit-fils à Hangzhou. Il aura pour but d’enseigner un peu d’art et de culture française à ses jeunes et courageux Chinois.

  • On suit l’histoire un peu comme un journal intime, sans retenue de la part de l’auteur. Intense et passionné, il nous partage, étonnements et réflexions personnelles sur ce monde chinois parfois semblable, mais si différent ; il vaudrait mieux dire peu connu.


Il pourrait sembler que le regard est parfois déplacé ou trop critique un peu à la manière du français qui voyage, mais c’est toujours suivi d’une remise en question de l’auteur mettant en avant une perspective différente, plus qu’un jugement moralisateur. Si l’on sent poindre l’arrogance, il y a erreur, car l’auteur voue une admiration immense pour ce pays et ce peuple qui perpétue une histoire vieille de plus de 5000 ans. La sensation et la description parfois crues de ce monde nouveau qui l’émerveille ou parfois le surprend à la limite du dégout, sont drôles et perturbantes à la fois. Quiconque n’est jamais allé en Chine ne peut totalement comprendre ces réflexions. Il faut le vivre et c’est ce que l’auteur s’évertue à nous transmettre par l’écrit.

« Pour ma part, ayant vécu plusieurs années en Chine, je retrouve de nombreux points communs sur le vécu et le quotidien de l’auteur qui amène ces nombreuses réflexions. J’avoue que moi-même, j’ai pu être surpris par son regard quelquefois très franc, très direct, mais qui par la suite me fait réaliser que j’ai également eu par le passé et méconnaissance ce regard aussi direct. »


Il faut bien comprendre qu’à notre époque moderne et globalisée la Chine peut bien ressembler à la France, car la vie moderne y est similaire, cependant le poids culturel et historique pèse énormément sur l’aspect social de la vie, une différence majeure. Jean Marc Bernard nous permet de pénétrer dans ce monde sous l’œil du découvreur qui s’émerveille et s’étonne à chaque coin de rue. Il met en perspective ces millénaires d’Histoire qui ont façonné ce peuple et la façon dont il s’adapte aujourd’hui au mode de vie occidental tout en gardant son identité.

  • L’auteur est un spirituel et cela se sent, fervent catholique pratiquant, il reste fasciné par l’opportunisme mystico-religieux des Chinois. En effet, ils peuvent être de simples pragmatiques qui pratiquent l’animisme avec son lot de superstition, mais ils sont aussi pour certains de discrets bouddhistes ou taoïstes dans la vie de tous les jours. Son séjour à Hangzhou lui permet également de découvrir le culte qu’il pratique dans une église de style XVIIe, non loin de là où il réside.

La vie de tous les jours, entre vie privé et vie scolaire


Le récit alterne entre la progression du groupe d’étudiants dont il a la charge et la vie qu’il mène chez son fils qui l’accueille le temps de sa mission. Son fils vit une histoire de couple mixte sur le sol de l’empire du Milieu ce qui n’est pas sans questionnement pour ce papa qui cherche sans cesse à comprendre comment tout cela fonctionne. À la fois sans filtre et honnête, on décèle en lui toutes les craintes d’un père pour son fils vivant dans un milieu et une culture qu’il tente de déchiffrer.

  • Le texte est simple et bien écrit, il est richement rempli de références historiques et culturelles. De nombreuses digressions nous éclairent sur les références qui marquent la réflexion de Jean Marc Bernard. Elles sont utiles et renforcent l’impression de pénétrer la pensée de l’auteur.


La vie d’un prof en Chine dans cet établissement de prépa met l’homme face à une audience qu’il faut conquérir dans un premier temps, puis des liens forts vont se tisser, unissant le groupe pour atteindre son but, réussir les examens de passage. Enseigner à ses élèves est l’occasion pour lui d’être face à la pudeur et la discrétion de ce peuple qui est dur à la tâche, accepte et fait sans remettre en question. L’autorité de l’âge et de la profession faisant le reste, le respect est de mise pour ces élèves qui certes, ne sont pas toujours studieux, mais veulent toujours bien faire.

Dans ces moments de scolarité, on pénètre la vision, la méthode, qui permet d’appréhender l’inconnu d’une mission d’enseignement à l’étrange. Une mission qui peut sembler folle, d’un premier abord, mais c’est une vraie remise en question. Il est évident que ce voyage se révèle être un formidable bain de jouvence pour ce retraité qui retrouve en Chine une utilité un but qui lui avait manqué ces dernières années. L’inconnu, le stress ou l’inquiétude d’une tâche complexe à accomplir met en émoi tous nos sens et nos facultés, mais elle est la preuve que l’on vit, quoi de plus motivant que de se sentir vivant et utile. L’auteur l’a bien compris et retrouve alors pour ce périple, des sensations un peu oubliées.

Le contraste d’avec l’Ardèche

Au début du récit d’un prof en Chine, ainsi que la fin se situe à Vion, un village d’Ardèche, là où tout a commencé, là où tout finit. Le contraste est saisissant entre le calme et la quiétude de ce beau petit coin perdu, parfois propice à la mélancolie, et le vacarme assourdissant d’une ville immense chinoise qui ne dort jamais ou tout avance à marche forcée. Pour ne pas se perdre parmi ces contrastes Jean Marc Bernard s’appuie sur de solides bases culturelle et spirituelle pour faire face à ces propres interrogations. C’est avec le regard sévère, mais juste d’un homme qui ne cherche pas l’état de grâce, tout au plus tendre vers un idéal, celui de la sagesse comme ce peuple chinois qui l’a tant marqué. La route est semée d’embuche, mais il le sait.

Ma conclusion

Un Prof en Chine est un livre à lire à lire comme une mise en bouche à la Chine, pour les nostalgique du premier contacte avec l’empire du milieu, les souvenir sont là.
Le livre comporte quelques erreurs dans les traductions parfois hasardeuse en chinois phonétique mais on le pardonne notre auteur n’est pas un sinologue.
C’est un livre qui se lit sans faim comme un moment de détente qui nous transporte à 10000 kilomètre de là. L’immertion dans cette réalité est sans filtre mais toujours bienveillante. On passe un bon moment

Si vous avez aimé l'article, vous êtes libre de le partager! :)

2 commentaires

  • Aline

    Chouette, je suis toujours preneuse de bonnes lectures 🙂 Ayant voyagé deux fois en Chine il y a 20 ans, ça me rappellera peut-être des souvenirs !

    • admin6414

      C’est un livre d’immersion qui se lit bien, on peut apprendre des choses intéressantes si on est un novice dans la culture chinoise également 😉

Laisser un commentaire

%d blogueurs aiment cette page :