Chine trois fois muette
Je veux vous parler d’un livre écrit par un sinologue que je viens de découvrir, Jean-François Billeter. Je pense qu’il mérite d’être présenté avec un petit livre « Chine trois fois muette » qu’il a écrit en 1999 et réédité pour la 6e fois en 2019, mais toujours d’actualité.
Qui est Jean François Billeter
Jean-François Billeter est un sinologue suisse francophone, qui est aussi devenu philosophe et calligraphe.
Il commence par des études de lettres françaises, allemandes, italiennes pour se lancer par la suite vers des études de chinois. Même s’il démarre sans grand enthousiasme en 62, il obtient une bourse pour partir étudier en Chine à Pékin où il séjournera 3 ans de 63 à 66.
Il enseignera notamment à la faculté de Genève et sera également conférencier au collège de France.
Il prend sa retraite en 2000 pour se consacrer à ses ouvrages qui revêtent souvent un aspect philosophique.
Son plaisir pour l’écriture chinois l’amènera à apprendre et pratiquer la calligraphie. Il apprend pendant son séjour au Japon où il fait connaissance d’un maitre calligraphe chinois qui l’initie à la technique du pinceau.
Selon ses propos, il ne se considère pas comme calligraphe dans la mesure où il n’a pas encore atteint le niveau qui permet de s’exprimer librement dans cet art — au même titre qu’un virtuose avec une interprétation musicale.
Pour les personnes intéressées, une interview de Jean-Francois Billeter sur YouTube
Qui explique « Chine trois fois muette »
Dans son livre qui se présente sous la forme de deux essais on apprend l’évolution de la pensée économique en Chine.
Elle est analysée au travers de 5 siècles jusqu’a aujourd’hui. L’auteur remonte même jusqu’à l’origine de ce qui structure la pensée chinoise sous la dynastie des Zhou 1500 ans avant notre ère. Il compare efficacement la vision et la culture occidentale avec celle de la Chine, car l’une des plus influentes sur toute la culture asiatique.
« Chine trois fois muette » petit résumé
Ce livre se divise en 3 petites parties, plus une conclusion ainsi qu’un essai sur l’histoire chinoise d’âpres spinas.
La première partie met en avant la réaction en chaine obtenue à partir de moment où l’Europe commence sa renaissance ou la domination bourgeoise impose ses règles qui aboutiront au capitalisme actuel.
La deuxième partie se veut être une synthèse de l’histoire de la Chine. Cette histoire qui a façonné un esprit différent de celui des Occidentaux, mais qui au cours de son histoire rencontre les vicissitudes de la colonisation et de la domination occidentale.
Sa troisième partie explique sa vision sur la façon dont la Chine gère ses données historiques sur trois niveaux, présent, histoire récente et passé avec tous les tabous lié au régime.
La conclusion fournit quelques principes pour réfléchir sur la façon dont cette réaction en chaine devrait être stoppée pour la Chine, mais plus globalement pour l’économie mondiale. En effet, le départ étant un problème lié à la forme d’économie mondiale qui nous touche tous, la réaction en chaine à des effets sur tout un chacun.
Chine trois fois muette, « essai sur l’histoire d’après Spinoza »
La dernière partie ou seconde partie s’intitule « essai sur l’histoire d’après Spinoza » est une mise en relation historique de la démarche explicative évoquée par l’auteur dans la première partie du livre « la Chine trois fois muette ».
Selon lui, la raison économique qui guide le monde est le maillon faible qui permet la réaction en chaine que nous vivons actuellement. Celle-là même qui peut nous mener a la perte si nous ne modifions pas notre raisonnement. En partant de l’origine de la pensée chinoise, sur plusieurs millénaires au par avant, jusqu’à nos jours, il nous éclaire sur les différences qui composent l’occident et la chine. Cependant depuis plus d’un siècle l’esprit chinois est structuré sur le même modèle qu’en occident ce qui aboutit au présent économique et politique actuel. Celui-ci n’étant pas adapté a sa culture ni à son langage il provoque peu à peu un éloignement de la réalité historique chinoise. Les érudits et penseurs qui étudient l’évolution de la Chine s’engouffrent dans un mode de pensée erroné pour résoudre des problèmes liés à leurs histoires.
En effet, cette évolution ne se présente pas sous le même angle qu’en occident. Il met en évidence sa propre façon qu’a la Chine de faire de la politique, basée sur la stratégie et non sur le pouvoir ce qui est le cas en occident. La logique occidentale et la manière de raisonner selon notre mode de pensée engagent donc selon l’auteur une vision du présent et du passé qui ne correspond pas à la réalité chinoise.
Ma vision du livre « Chine trois fois muette »
Je vais peut-être me hasarder à une comparaison douteuse, mais là où Jean François Billeter fait la remarque d’une tradition culturelle qui remonte à la dynastie des Zhou. Celle-là même qui met en place le système de hiérarchie qui structure la société chinoise et l’ordonne selon la place sociale de chacun sur le modèle d’une famille. Je me permets un petit parallèle sur la société française à la campagne. Je retrouve ici dans cette analyse un modèle paysant qui existait en France et qui a pratiquement disparu suite à la nouvelle vision économique de l’agriculture mise en place après guerre. On passe de l’agriculture de subsistance à l’agriculture du rendement.
Il n’y a pas d’égalité possible vue que chaque personne à une place à tenir selon son rang dans la société ainsi qu’un sain de la famille. Le roi est respecté de ses ministres qui sont respectés de ses conseillers. L’épouse doit le respect à son mari tout comme lui-même doit le respect des ancêtres. Les enfants sont également dépendants de leur devoir selon leur place au sain du clan familial qui prône le droit d’aînesse comme un pouvoir stratégique sur les cadets. L’absence de religion monothéiste comme valeur morale pour légitimer le pourvoir divin, se place sur un modèle familial fort, de plus il permet de prôner le pouvoir de la stratégie comme valeur absolue et non politique. La stratégie qui est la pierre angulaire de ce pouvoir sur laquelle s’est formée l’évolution politique chinoise.
N’hésitez pas à consulter l’article qui parle de la Chine dans sa complexité ethnique pour mieux cerner la Chine dans son ensemble
Pour conclure
Ce livre n’est en aucun point un résumé ou une explication de texte, mais je veux permettre à tout un chacun de découvrir ce livre qui apporte une vision différente sur la Chine. Le livre nous amène une vision globale sur l’histoire et ses conséquences d’un point de vue nouveau. Un point de vue qui ne nous est généralement pas enseigné en cour, mais qui suscite de nouvelles réflexions