La vie d’un dortoir chinois: chronique de Chine
Dans ce court passage, je vais vous parler de ce moment ou pour la deuxième fois je me retrouve en Chine, mais dans un contexte légèrement différent, celui d’un dortoir chinois.
N’hésitez pas à voir la précedente chronique sur la folie du restaurant chinois
Il se trouve que trois ans s’étaient écoulés depuis mon premier pas dans l’empire du Milieu. En effet, à ce moment-là, j’arrivais tout frais et tout innocent, nous étions en 2007.
Je débarquais avec un but, apprendre et découvrir un nouveau monde qui je ne le savais pas encore, mais allait me passionner.
Dès lors, j’étais parti pour un an d’aventure entre voyage et apprentissage de la langue. Je découvrais une culture riche et sophistiquée, vieille de plusieurs millénaires. Il est vrai qu’à 20 ans lorsqu’on vient de France on ne connait pas bien la Chine, voire pas du tout.
Mes connaissances de la Chine étaient basiques et se situaient à peu près au niveau de ce que l’on nous enseigne au lycée, c’est-à-dire un vague survol de la période du 20-ème siècle en Histoire.
Puis en Géopolitique on apprenait que c’était une économie en plein essor qui était devenue en une dizaine d’années, l’atelier du monde (je parle du programme des années 2000). Bref des connaissances minimes pour la place d’un tel pays. J’ai depuis bien rattrapé mes lacunes 😊.
Je note toutefois que pour la majorité des gens cela n’a guère changé, car beaucoup de personnes ignorent tout de la Chine ou ne s’intéressent pas à elle.
Première image de dortoir chinois
Je suis donc arrivé en Chine pour la deuxième fois en 2010. Un séjour qui a commencé par un petit périple de quelques mois. Je ne m’attarde pas trop sur ce moment qui fera certainement l’objet d’une autre chronique un peu plus tard.
C’est en septembre de la même année que je dois commencer des cours universitaires dans la Faculté de Kunming pour y suivre la suite de mon cursus en langue débuté en France.
Je sais que je vais vivre dans l’université et que ce sera un dortoir dédié aux étrangers qui viennent pour suivre des cours à la Fac.
Mais je ne sais pas à quoi m’attendre, je n’ai encore jamais réellement mis les pieds dans un dortoir chinois.
Je me rappelle lors de mon premier passage en Chine, avoir déposé, après une soirée, un ami dans son dortoir. Nous étions alors dans le sud de la Chine à Canton ( GuangZhou )
C’était dans un grand bâtiment à la forme d’un HLM dans lequel grouillait une vie jeune et studieuse.
Découvrir une ville du Sud de la Chine, Paradis sur terre selon les termes utilisés en chinois pour décrire cet endroit:
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J’avais eu l’occasion de monter jusqu’à l’endroit où il dormait et étudiait. Je ne suis pas resté longtemps, mais j’avais été surpris par la pièce.
Il y avait un ensemble de 6 lits, 3 de chaque côté et tout en longueur dans 20 mètres carrés. Les lits étaient superposés avec un espace en dessous faisant office de bureau et coin privé.
Je me souviens d’un incroyable capharnaüm ou des chaussettes, entre autres T-shirts et serviettes, séchaient un peu n’importe comment sur les montants des lits ou des chaises.
Des livres trainés parterre et sur les bureaux en côtoyant des bouteilles de boissons avec toutes sortes de restes de repas.
Au milieu du bureau trônaient parfois un ordinateur et des feuilles de devoirs qui faisaient penser à un tapi sous lequel on cache la poussière. On voyait assez clairement que cette génération d’enfants uniques choyait à l’extrême, avait quitté papa et maman et découvrait l’autonomie…
J’étais surpris, mais demandais à mon ami où était leurs sanitaires, la pièce était trop petite pour ne pas les voir.
C’est alors que tout en m’expliquant qu’ils étaient communs et à l’étage d’en dessous au bout d’un couloir de 40 mètres, il m’exprimer sa chance, car sur leur balcon il y avait un robinet d’eau, non potable, mais avec de l’eau.
Cela peut ne paraitre rien, mais en faisant bouillir l’eau on peut se faire du thé et lors des grosses chaleurs il est possible de se rafraichir un brin.
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Cet ami était dans un dortoir de la ville de Canton ! Ville du sud de la chine avec des températures caniculaires et une hygrométrie intense.
Comme il n’y avait pas de climatisation, chacun avait installé un ventilateur plus ou moins grand et une partie de ses collègues de chambrée travaillaient à son bureau torse nu ou en slip pour ne pas souffrir de la chaleur moite ambiante.
Enfin chez moi
C’est avec cette vision simple et unique dans mon esprit que j’arrive devant mon dortoir 2 jours avant la rentrée.
Je ne dirais pas qu’il y avait de l’appréhension, mais une certaine réserve.
J’avais l’espoir d’être mieux loti que dans le souvenir qu’il me restait du dortoir de mon ami à Canton.
Ayant choisi la ville où j’allais étudier, j’affirme que c’était un choix délibéré. Je savais déjà que par comparaison avec Canton, j’avais un avantage de taille. Kunming, bien qu’étant au sud de la Chine, est proche du tropique du cancer, mais est juchée sur un plateau à 2000 mètres d’altitude.
Il y règne donc un climat agréable toute l’année.
Kunming n’est pas surnommée la ville du printemps éternel pour rien ce qui me rassure, car je ne subirais pas la chaleur étouffante de Canton. Les températures y sont assez constantes, sans trop de variations durant l’année.
Il est également fréquent d’avoir un petit vent qui balaie tout nuage, permettant de profiter d’un beau ciel bleu une grande partie de l’année. Le climat à la fois sec et dégagé me rappelle un peu le sud de la France. Je n’ai pas de honte à dire qu’à 10 000 kilomètres de ma maison natale je me sens ici un peu chez moi et ça fait du bien.
Je me trouve alors devant l’entrée du dortoir et vais à l’accueil présenter les documents nécessaires à l’attribution de ma chambre.
Le soleil est au rendez-vous et je suis vraiment d’humeur heureuse, cela tombe bien, car les souvenirs du dortoir de mon ami refont surface à la vue du bâtiment et de la découverte de l’intérieur (certes bien plus petit, mais dans le même style).
J’ai ma place dans une chambre au 4-ème étage et j’ai la chance d’être conduit par le gardien de l’immeuble. En montant les étages, je croise beaucoup d’élèves qui vadrouillent, mais semblent déjà bien installés, certainement arrivé quelques jours avant. Je n’avais pas noté, mais de nombreux visages ne sont pas asiatiques, pas chinois.
Je comprends enfin que le bâtiment est réservé aux élèves étrangers qui viennent dans cette université pour étudier. Sur le coup, il y a un peu de déception dans la mesure où je souhaitais l’immersion totale, mais avec du recule j’ai adoré cette expérience cosmopolite.
Enfin arrivé devant la porte de mon dortoir à semi-ouverte que pousse le gardien, je découvre mon lieu de vie pour l’année à venir.
C’est le même type de pièce que celle que j’avais pu découvrir par le passé à Canton. La pression retombe, car il n’y a que 4 lits. Deux seulement sont déjà pris par mes comparses qui m’accompagneront dans cette chambre durant cette période.
Il y a Se Gu, un Japonais de 35 ans en reconversion, passionné de Chinois et Xiao Long un Birman un peu plus jeune que moi qui poursuit ses études de Chinois pour devenir professeur dans son pays.
Deux lits restent vides, l’un sera le mien et l’autre restera vacant pendant l’année.
Sur le sol de la pièce, en ciment brut, a été posés des tapis puzzle en mousse compensée fine, de couleur bleu et vert afin de pouvoir marcher pied nu. La pièce est en ordre et semble entretenue. Un balai avec sa pelle se trouve à côté de la porte en entrant et chacun à ça mini poubelle. De l’autre côté de la porte, à l’entrée de la pièce un tas de chaussures que l’on a quitté.
Je me dis à ce moment-là que je suis plutôt bien tombé.
Je suis chaleureusement accueilli par Se Gu et Xiao Long dans leur chambre et commence déjà à me sentir bien. Après les présentations et avoir finalement appris que l’un était japonais et l’autre birman je suis un peu plus soulagé, je comprends que notre chambre sera bien tenue. À la mode japonaise, on quitte les chaussures en rentrant dans la chambre.
Le doute viendra du quatrième lit dans l’attente de savoir qui y prendra bientôt place ! Nous attendrons tous les trois notre dernier colocataire.
Il s’avèrera que la place ne sera jamais donnée à un quatrième élève et nous pourrons ainsi profiter durant toute notre année d’une chambre de dortoir faite pour quatre avec seulement nous trois.
10 commentaires
Luypaert-Edmond
Sympa de partager ton expérience sur place. Il y a de l’amélioration depuis votre première visite en 2007. Ici en France , il commence à faire des dortoirs amélioré pour les familles en vacance pour les petits budgets (un standing juste au dessus de l’auberge de jeunesse).
Anne Prudent
C’est tellement important d’avoir de bons voisins de chambrée avec qui tu dois passer une année.
Je fais partie des personnes qui ne connaissent pas grand chose sur ce pays qui a l’air si merveilleux. Cela fait plaisir de le découvrir sous tous ses aspects au travers tes témoignages. Merci beaucoup ^^
Anna
J’ai adoré lire ton histoire, merci pour ce partage d’expérience
Les Secrets du Coureur
C’est fascinant de lire tes surprises, tes angoisses et tes belles rencontres dans le Pays du Milieu. Ta façon de raconter cette expérience dans un dortoir est très enrichissante. J’adore ce format « histoire » !
Béatrice
Vraiment intéressant et dépaysant comme article 🤗 Merci !
genkash7
Merci pour cet article passionnant ! C’a été une aventure amusante, c’est sûr, mais cela dépend aussi beaucoup de l’attitude de la personne. Cette expérience m’a rappelé mes années d’école dans un dortoir dans une chambre à trois lits :). Et une salle de bain et WC communs à l’étage. Après tout, c’est une leçon et une préparation pour avancer dans la vie.
Julie, des Petits Plats Faciles
Merci pour ton article captivant. Tu m’as transportée en Chine pendant quelques minutes. C’est super de partager ton expérience : ça aidera beaucoup de personnes à se préparer avant leur voyage.
cristelleblavier
Très intéressant ton article et ça permet de voir un peu comment c’est ailleurs de chez nous.
Verónica
Quel bons souvenirs, Je suis curieuse quand à la pudeur de chinois avec ces dortoir. Ils arrivent à avoir une vie intime, genre une copine et toi ça ?
Florent C
En théorie non, car la vie des étudiant doit être consacrée uniquement aux études, mais en pratique il y a toujours des solutions quand on est amoureux mais je ne vais pas rentrer dans les détails 🙂